vendredi 20 novembre 2009

Histoire d’une inutilité subjective

« Bonjour, je suis le personnage principal de l’histoire, le héros si vous préférez, ça fait plus classe.
Normalement une histoire débute par une mise en situation du contexte et une présentation des personnages, mais vu que l’auteur est un fainéant, c’est à moi qu’incombe cette responsabilité.
Alors… Heuuuuu… Voilà ! J’aspire à devenir un Grand Prophète, pour être idolâtré et pouvoir cultiver un cheptel de putes… J’aime beaucoup les pommes, l’orage quand il gronde, les bulles, les papillons, l’air frais qui caresse mon visage au réveil lorsque je suis dans un duvet bien chaud… Oups, j’ai oublié de me présenter, je m’appel… Oh !!! Regardez là-bas, le joli papillon !!! »

Notre héros attiré par la beauté du papillon commence à lui courir après dans le but de pouvoir admirer ses chaleureuses couleurs, il court gaiement dans le champ, quand tout à coup, une voix féminine assez stricte, mais non moins suave, retentit dans ses oreilles :
« -Tu manques de structure et de discipline !!! »
Notre héros se retourne étonné par cette apparition, il regarde la femme en question, une blonde assez mince, la trentaine, visage assez fin, très jolie, petites lunettes et cheveux longs attachés… Bref, le stéréotype de la jolie fille des romans de ce début de 21ème siècle, dont la beauté est un caractère primordial pour pouvoir laisser au lecteur la possibilité d’imaginer un long et langoureux coït avec elle.
Bref, je m’égare, je vais donc à nouveau laisser parler cette femme :
« -Je suis la représentation physique en ce monde de ta personnalité responsable et disciplinée, tu manques de structure, de rigueur et de discipline, je suis ici pour t’inculquer toutes ces valeurs, tout d’abord tu dois finir tes phrases lorsque tu parles à du monde, et ne pas te laisser distraire par tout et n’importe quoi, ensuite tu ne dois pas grignoter entre les repas, mettre les… »
Le personnage principal reste abasourdi, il regarde cette femme avec le regard vague et la bouche à moitié ouverte, il ne comprend pas très bien ce qu’elle veut, il ne l’écoute déjà plus, elle a des jolis yeux, d’un magnifique bleu azur, dans lequel on pourrait presque nager, faire des petites bulles, sentir l’écume des vagues…
Notre héros prend tout d’un coup conscience des premiers mots de la femme « Je suis la représentation physique en ce monde de ta personnalité responsable et disciplinée » ! Comment une telle chose est possible ? Et pourquoi une aussi jolie femme ? Il doit à tout prix faire quelque chose !
Il sort alors un couteau de sa poche et tente de l’égorger, elle crie et ce n’est pas si facile, il doit s’y reprendre à plusieurs fois… Il n’y a bien qu’Al Quaida pour y arriver du premier coup !
C’est son premier meurtre, il regarde avec des petits yeux scintillants ce qu’il vient de faire, c’est son premier, comme toute première fois il vaut mieux en profiter, même si ce n’était pas forcément bien fait.
Il se dit que tuer, c’est mal, mais là c’était malheureusement une obligation, il ne pouvait quand même pas laisser un double de lui responsable et discipliné régenter sa vie.
Après avoir longuement contemplé son œuvre, il se dit que découvrir l’intérieur d’un corps humain pourrait être très amusant, mais alors qu’il commence seulement à jouer avec les boyaux de la jolie femme, un policier ayant entendu les cris arrive à grands pas vers lui :
« -Bonjour monsieur, est-ce vous l’auteur de ce crime ?
-Heuuuu… Oui…
-Hummmm, c’est fâcheux, je crois bien que je vais devoir vous emmener en cellule pour l’interrogatoire… L’avez-vous violée ?
-Non.
-Aaaaaah, ça c’est une bonne nouvelle, je n’aime pas passer en second ! Et bien si vous m’aidez à cacher le corps dans le petit bois là bas avant que je ne vous emmène au commissariat, je vous réserverai la plus belle cellule pour la nuit !
Bien sur, j’irai récupérer le corps avant demain soir et le laverai, ça marche ?
-Heuuuu… Oui. »

Par la suite tout s’est enchaîné très vite, interrogatoire, nuit dans une bien jolie petite cellule, à nouveau interrogatoire, puis convocation au tribunal pour « viol aggravé ayant entraîné la mort de la victime ».
Là-bas ce fut fort confus, le héros avait beau ressasser sans cesse qu’acheter des fruits et légumes hors saison ce n’était pas bien, madame la juge ne voulait rien entendre, elle disait qu’elle s’en foutait et qu’elle achetait son ananas et ses endives quand elle le désirait. Résultat il s’est pris 45 ans ferme.

En prison il se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire… Apprendre le Shiatsu ? Ou à chanter le Yodle ? Entrer dans le livre des records en créant la plus grande sculpture au monde à base de matière fécale ?... Non ; finalement son double avait raison, il lui fallait un peu plus de structure et de discipline !

Il entreprit alors de faire revivre sa seconde personnalité ; qui au bout de 56 secondes d’intense concentration apparu sous forme spectrale devant les yeux du héros :
« -Bonjour madame, je m’excuse de vous avoir tué ; pouvez vous m’apprendre vos trucs là ?
-Et bien non, maintenant que je suis morte je ne peux plus rien t’apprendre, tu vas devoir te débrouiller par toi-même.
-Ah !

Mais heuuuu… Je me disais, vu qu’à la base vous n’étiez déjà pas une personne à part entière mais une partie de ma personnalité, je ne peux pas vous ressusciter en utilisant une partie de mon corps, ou un truc dans le genre ?
-Mon Dieu, non ! Tu n’imagine pas les complications que ça impliquerait !!!
-Ah bon ?! Dieu ou je ne sais quelle entité supérieure s’y opposerait ?
-Non non, rien de tout ça, je te parle de complications au niveau administratif, si tu me ressuscite alors que tu fus mi en prison pour m’avoir tué, le procès devra être révisé, et vu que ce sera surement le premier cas de mort par homicide ressuscité, il va traîner sur des mois… Non non, je ne veux pas subir ça, tu vas devoir te débrouiller comme un grand.
-Ah…

Dites, pourquoi êtes-vous une femme, aussi jolie de surcroit, alors que vous êtes une part de ma personnalité ?
-Ils ont pensés que tu serais plus attentif à l’écoute d’une femme qu’à celle d’un homme…
-Ah… Et heuuu… Désolé de vous le demander ainsi, mais je vous trouve très attirante, pourrions nous faire l’amour ensemble ?
-Hihi… Tu est plutôt pas mal et je n’ai pas eu le temps de jouir de mon corps avant que tu ne me le détruise, j’accepte donc avec joie ta proposition !
Par contre, n’ayant plus qu’un corps ectoplasmique, nous n’allons point pouvoir nous unir directement, tu vas devoir utiliser tes mains comme intermédiaire… »

Alors que leurs deux corps s’entremêlaient avec passion, ils n’entendirent pas le gardien qui arrivait en mangeant une pomme et chantant du Lorie.
Ce pauvre homme fut frappé de stupéfaction devant la scène, ne pouvant voir l’ectoplasme il ne vit que notre héros en pleine jouissance le chibre dressé entre les mains.
Après avoir retrouvé ces esprits le gardien s’exclama :
« -Bigre, diantre, palsambleu par la mal-peste, mais comment ce fais-ce ?!
Ne seriez vous pas en train de pratiquer l’onanisme au sein de notre établissement ?!
Nous ne pouvons tolérer de tels individus ici, je vous somme de sortir sur le champ !!! »

A ces mots le gardien ouvre la porte de la cellule, et alors que le héros s’apprêtait à sortir, un drôle d’individus assez gros, tout de rouge vêtu et portant une longue barbe fait son apparition en bas de la cheminée de la cellule :
«- Oh oh oh ! Je suis le père Noël !
J’espère que vous avez été sages les enfants !
Tiens voilà pour toi mon petit, une jolie… »
Le père noël regarde alors interloqué le gardien et notre héros qui se trouve avec le pantalon en bas des jambes, puis vocifère :
« -Mais qu’est ce que c’est que ce bordel !!!
Le gardien : -Je raccompagnais monsieur à la sortie car il a des manières outrageuses que nous n’acceptons pas ici.
Le père Noël : -Bah voilà, il flotte et y’a l’orage qui gronde dehors, j’ai du signer tout un tat de papiers pour avoir l’autorisation de rentrer ici sans que mon traîneau volant se fasse tirer dessus ; tout cela car Monsieur est sensé devenir le nouveau grand prophète !
Mais pour ça je devais lui offrir une araignée en peluche pour l’aider dans la méditation qui allait l’amener à l’illumination transcendantale…
À la place de méditer, Môssieur n’a pas trouvé mieux que de s’astiquer le pingouin et se faire virer !!!
Tiens, tu auras un okapi en peluche au lieu de l’araignée, Na !!!

Pfuuuu, à cause de ça tu ne seras surement jamais le nouveau grand prophète… Jamais tu n’atteindras la fusion transcendantale avec Dieu, jamais le peuple ne t’idolâtrera et jamais tu ne pourras cultiver un cheptel de putes…

Bon aller, moi je me casse, j’en ai assez vu… »

Et le père Noël repart de par où il est venu… Ah non, il préfère emprunter l’entrée principale finalement, à croire que les cheminées des prisons son mal entretenues.

Notre héros raccompagné dehors ressent une pointe de culpabilité aux vues de ce qu’il vient de perdre… Mais comment aurait-il put le savoir ?
C’est en ressentant l’air frais caresser son visage et la douce pluie couler le long des ses joues, que lui prit l’envie d’une envolée lyrique :

C’est au cours d’une séance de masturbation,
En vérité une douce fellation,
Qu’est partit le désir dans un grand tourbillon,
De devenir Grand prophète…
Ooooh, regardez là bas le jolie papillon !

Et notre héros repart courir après le papillon, qui l’emmène vers un nouveau futur inconnu.